30 Mars 2012
Publié le 30 mars 2012 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
Assez fréquemment, les publicités québécoises véhiculent une douce misandrie par leurs représentations de la masculinité; l'homme y apparaissant comme un adulte immature ou bien encore comme un bon «ti-gars» docile et soumis. Dernier exemple en date: une publicité de Desjardins mettant en scène un couple (une femme et un homme dénommé Nico) nouvellement emménagé dans leur propriété.
Dans cette dernière, la femme y va de plusieurs affirmations: «Nico et moi, on pense pareil», «on voulait notre chez-nous, pas un château», «quand on a vu le garde-robe, on a eu un coup de coeur» et «pour le prêt hypothécaire, on voulait un taux fixe», ces dernières étant toutes suivies de l'infantilisant et maternant «hein Nico?». L'homme, bien discipliné par sa conjointe-maman, répond sagement par l'affirmative à chaque fois excepté à la dernière occasion, celle concernant le prêt hypothécaire (levier de la publicité oblige). Et même durant ce bref moment où il peut émettre son opinion, on sent bien que la femme lui laisse cette impression de liberté telle une récompense; une façon de lui dire «bien oui, tu as le droit à ton opinion, de temps à autre... tiens ton joujou financier, tu peux en faire ce que tu veux». Si ce n'est pas là une démarche gentiment contrôlante et foncièrement infantilisante ?
Suite au visionnement d'une telle publicité, on ne peux que constater que la sombre période «Les Invincibles», cette dernière qui a contribué à une certaine juvénilisation de la masculinité, n'est guère dernière nous. Il appert malheureusement qu'elle a toujours cours et continue d'enfoncer l'estime de soi de l'homme, une publicité à la fois.
Guillaume Bernier, Québec
source : http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/carrefour/201203/27/01-4509819-douce-misandrie-publicitaire.php