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Homme Culture & Identité

L' identité masculine mise en questions / Le genre et l'égalité entre les sexes / Blog animé par Alexis Aguettant

Père absent : la souffrance des filles

Article diffusé par Homme Libre le 09 juin 2008

Père absent : la souffrance des filles

Les raisons et conséquences de l’absence d’un père dans l’éducation intellectuelle, morale et affective de ses enfants sont multiples. Voici quelques pistes. Ce sont des généralités certes, qu’il faut ajuster selon les cas, mais qui proposent une réflexion pour les parents.


295609941.jpgQuelques raisons de l'absence

Des pères n’ont pas conscience de la responsabilité qu’implique la paternité, et se mettent eux-mêmes hors-jeu, voire abandonnent famille et enfants. D’autres acceptent que traditionnellement les mères principalement ont été éducatrices, leur laissant l’initiative dans ce domaine. D’autres se sentent peu compétents pour savoir que faire avec leurs enfants. D’autres sont dépressifs, alcooliques ou autre, et ne s’investissent pas dans la relation avec leurs enfants; même présents ils sont comme absents. D’autres sont évacués par la mère ou par certains enfants. D’autres aussi sont mis sur la touche par les décisions de justice dans lesquelles le père n’est qu’un payeur-pourvoyeur et non un éducateur à part entière.

Relation père fille: fondamentale

On parle souvent de l’importance de la relation père-fils. Elle devient souvent prioritaire à l’adolescence, comme au même âge le devient la relation mère-fille. Mais on aurait tort de sous-estimer les liens entre un père et sa fille, depuis la naissance et dans toute l’enfance pré-adolescente.

De nombreuses discussions que j'ai eues avec des pères, des mères et surtout des filles montrent que le manque du père génère une souffrance qui se manifeste de différentes manières.


Relation au père, relation à l’homme

A travers son père, une fille découvre ce qu’est un homme, comment il fonctionne. Elle apprend à gérer la force masculine, à l’apprivoiser, l’amadouer, la confronter parfois. Elle apprend à le relativiser, à savoir qu'il a ses failles et que ce n'est pas grave. Dans le désaccord ou la confrontation elle apprend à poser ses limites, à dire oui ou non.

La fille, qui a construit une partie de son intériorité dans la fusion maternelle initiale protectrice, acquière avec son père la possibilité de mettre sa personnalité en jeu dans le social, à s’extérioriser, à prendre place dans le monde. Elle saura peut-être, grâce à cela, se positionner clairement dans ses relations affectives, amicales et professionnelles.

Grâce au père, et dans de bonnes conditions bien sûr, les filles apprennent à construire peu à peu une relation homme-femme de partenariat, de reconnaissance mutuelle et donc d'égalité de valeur.

La souffrance des filles

La fille dont le père a été absent pour quelque raison, sera en manque de cette affectivité dynamique, constructive et stimulante dont elle a besoin pour grandir. Elle saura moins se positionner dans l’affectivité, sera moins autonome et plus dépendante. Elle cherchera parfois longtemps un homme qui soit aussi son père symboliquement, biaisant la relation amoureuse dès son début. Car une fois devenue adulte affectivement, ce qui adviendra parfois grâce à son couple, elle rompra souvent comme elle aurait rompu le lien filial pour prendre sa vie en main.

L’absence du père nourrit l’attente du Prince Charmant, dont on sait qu’il est un leurre. La fille n’aura pas pu apprendre à relativiser le père, à être en désaccord, voire à être déçue - ce qui est indispensable pour se construire sur ses propres bases. Si elle reconduit cette attente dans le couple, la déception inévitable ne sera pas un facteur de croissance mais d’échec du couple vécu comme un échec personnel, avec ce que cela suppose de perte d’estime de soi et de culpabilité.

Les filles sans père rêvent leur vie, mais n’ont pas eu de modèle pour trouver comment réaliser leurs rêves.

Les filles sans père pleurent souvent tout bas, même quand elles sourient. Elles rêvent de quelque chose qu’elles n’ont pas eu, et qu’elle ne savent pas où retrouver. Car jamais un mari ou un compagnon ne pourra leur apporter cette force initiale du père.

Ce n’est pas son rôle, ce n'est pas son temps.

P.S: à visionner, le clip "Tu l'attends encore" - http://www.youtube.com/watch?v=rr2_argl3Uw

18:16 Publié dans société | Lien permanent | Commentaires (38)

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Commentaires

Voici, pour le bénéfice de vos visiteurs, le texte d'une note manuscrite rédigé par une fillette de 11 ans à son Papa après un séjour de 4 1/2 mois en prison pour avoir simplement tenté de communiquer avec ses enfants. Seules les fautes d'orthographe ont été corrigées.

Il s'agit bien de la même Camille dont il a été question sur cette tribune en mai dernier. Dimanche prochain, ce sera la troisième fête des Pères que Camille et son frère Adam passeront sans nouvelles de leur père. Elle fait partie du demi million d'enfants privés de l'accès à un parent, habituellement le père, en raison de l'inexorable corruption au sein du système de justice du Québec.


Bonjour Papa,

Je m’ennuie tellement de toi. J’ai appris des tas de choses. Comme tu me manques. J’aimerais plus que tout au monde retourner passer quelques jours, ne serait-ce qu’une heure ou deux en ta compagnie.

Avec toi, j’ai appris les vrais valeurs qu’un lac possède et aussi comment ça peut être amusant de prélever les champignons avec toi. Comment pourrais-je subsister sans ta présence durant 3 ans? Même si ça ne se voit pas, je sens ta présence au plus profond de moi-même.

Quand je suis dans tes bras, je suis comme sur un nuage qui me mène droit au paradis. Et, lorsque l’on joue ensemble, j’ai l’impression d’être dans un tournoi en affrontant le plus grand et le plus fort des papas au monde.

Lorsque je suis en ta présence, c’est comme si une joie s’installait en moi et que rien ne pourra jamais la défaire. Ne pas ressentir cette joie durant trois ans, ça me paraît une épreuve impossible à surmonter. Je ne pourrais pas être moi-même sans toi parce que tu es une partie de moi. Comme j’aimerais être avec toi.

Camille

Ecrit par : Hermil LeBel | 09 juin 2008

Je suis très touchée par la justesse et l'intensité de vos propos comme de la lettre de Camille et ne peux qu'adhérer à vos affirmations.
Je peux suggérer aussi la lecture d'un livre qui illustre très bien le sujet:
"Anorexie, boulimie, pourquoi?" de Margo Maine, Ed du Souffle d'Or, 1995
Sous-titre: "troubles de la nutrition et relation père-fille: faim du père, soif de contact.

 

 

Source : http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2008/06/09/pere-absent-la-souffrance-des-filles.html

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